Originaire de Montpellier, Charlotte se souvient des choix, trop précoces selon elle, qu’elle a du faire à la sortie du lycée.
” Après le bac c’était un peu chaotique. On m’a demandé de choisir une voie beaucoup trop tôt par rapport à ma maturité, par rapport à ce que je connaissais de la vie. On me disait souvent “ah bah toi t’es bonne en communication”, et du coup sans trop réfléchir je me suis lancée là-dedans. En plus je voulais aussi quitter le cocon familial et donc il me fallait quelque chose qui n’existait pas à Montpellier. J’ai trouvé l’EFAP, une école d’attaché de presse assez reconnue, et je suis partie à Paris à l’âge de 22 ans.”
Et là elle découvre la vie parisienne, ses soirées, ses paillettes et sa mondanité. Elle en profite pleinement pendant 3 ans.
“J’ai fait un stage dans un magazine féminin et ça a été l’apogée de tout ça. C’était un milieu très féminin, très futile où tout ce qui n’avait pas d’importance paraissait très important et j’ai subi énormément de pression. J’avais l’impression que ça me plaisait, que je faisais beaucoup de choses mais en fait on se servait de moi. Je faisais tout ce que mes collègues ne voulaient pas faire, pour 400€ par mois. Je travaillais plus tard qu’eux, je couvrais des événements le week-end, etc. Avec le recul je me rends compte que ça a été le début de ce qui m’a rongée. Je carburais à l’aspirine mais ça me paraissait presque normal. “
Après cette expérience, Charlotte décide de faire un master en journalisme. Elle doit ensuite trouver du travail.
“A l’époque j’avais un copain qui évoluait dans un milieu à l’opposé de tout ça. Il était architecte et il avait décidé de vivre de sa passion, c’était une évidence pour lui. Il avait monté sa propre association, il organisait des festivals d’architecture. L’ambiance était très créative, très agréable. Et j’ai proposé à mon copain d’être son attaché de presse. J’ai passé un an à me régaler, je n’étais qu’avec des gens qui étaient vraiment passionnés par leur travail. Je me suis réellement épanouie. Le problème c’est que je faisais un service civique et au bout d’un an ils n’ont pas pu me salarier, j’ai donc du trouver un “vrai” travail.”
Elle se retrouve alors à travailler dans une agence de relations presse spécialisée dans la décoration et le design.
“On m’a proposé de faire un remplacement sur le poste d’une attachée de presse qui s’occupait d’une grande marque de meubles et qui était partie en congé maternité. Et ça a été affreux… Déjà je fais très jeune par rapport à mon âge et en fait j’avais le poste le plus envié de la boîte et du coup je me suis fait harcelée par une collègue qui avait le même âge que moi. Tout ce que je faisais n’était pas assez bien, j’avais des réflexions sur mon physique en permanence. On m’a même refusé un rendez-vous client parce que, soit-disant je faisais trop jeune parce que je venais de me faire couper les cheveux. Et en plus de tout ça je trouvais que ce que je faisais n’avait aucun sens. Je devais placer la marque dans les magazines et donc je passais mes journées à envoyer des photos de meubles… Ça ne servait à rien, je ne défendais rien en faisant ça. Ça n’avait strictement aucun sens.”
Et plus Charlotte se désespérait de son travail, plus elle voyait son copain qui s’épanouissait dans ce qu’il faisait.
“J’ai pris conscience que je faisais quelque chose qui ne me correspondait pas du tout. Mais je continuais parce que je ne savais pas trop comment me dépêtrer de cette situation. Mais en fait c’est mon corps qui a pris les devants… J’ai commencé à perdre beaucoup de poids mais je ne m’en rendais absolument pas compte. Les gens me demandaient si j’allais bien et moi je ne comprenais pas. J’ai perdu 7kg et je ne suis déjà pas très lourde, je suis descendu à 40kg. Je me réveillais le matin et j’avais des crampes d’estomac. Mon corps ne voulait pas que j’aille au travail. Et un jour je suis littéralement tombée la tête sur mon clavier. Impossible de me redresser. Une chape de plomb m’était tombée dessus. Je suis tombée dans les pommes et ça a été le début de la descente aux enfers.”
Physiquement à bout, Charlotte doit arrêter de travailler.
“Au début on a pensé que je faisais une dépression. Mais moi je ne me sentais pas dépressive parce que j’avais toujours envie de faire des choses. C’était mon corps qui ne suivait plus. J’avais l’impression d’être une jeune dans le corps d’une vieille. Ça a pris du temps, je faisais des arrêts d’un mois, j’essayais de reprendre et puis je me faisais arrêter un autre mois… Jusqu’à ce que je me fasse licencier. Et puis là je me suis retrouvée seule, chez moi, j’ai commencé à me renfermer sur moi-même. Je ne voulais plus sortir, je ne supportais plus Paris, je n’arrivais plus à rien. Je n’avais plus de force. En fait je faisais un burn out mais à l’époque on ne mettait pas encore les mots dessus. On me disait dépression mais c’est différent d’une dépression, c’est un épuisement lié au travail.”
A ce moment, comme un message tombé du ciel, Charlotte fait la rencontre d’une naturopathe.
“Elle m’a proposé de faire une consultation de naturopathie et ça a été très très clair. Elle m’a dit “non mais il faut que tu changes ça et ça dans ton hygiène de vie, il faut que tu manges ça et ça, tu vas prendre tel complément, telle vitamine”. Et en fait ça m’a énormément aidée, j’ai commencé à reprendre des forces. Et j’ai voulu retrouver rapidement du travail. Donc je me suis retrouvée à travailler pour une agence de communication concurrente. Et là, il s’est passé exactement la même chose, j’ai recommencer à faire des malaises. Ça a été horrible et finalement je me suis fait de nouveau licencier. Et là ça a été le déclic, j’ai compris qu’il fallait que je fasse autre chose.”
Et le souvenir de cette naturopathe reste gravé dans la mémoire de Charlotte…
“Je me disais que ça m’avait vraiment aidée et que j’avais envie moi aussi d’aider les gens. Je voulais partager ça avec d’autres personnes. Ça, ça avait du sens. C’était tout ce que je recherchais : la naturopathie c’est prendre soin de sa santé avec des méthodes naturelles, en se basant sur des médecines traditionnelles, notamment chinoise et indienne. J’ai commencé à me dire que je voulais faire ça, ou au moins, que j’en rêvais. Et j’ai commencé à en parler avec mes parents, mais le problème c’est que l’école de naturopathie coûtait très cher. Je voulais faire la même formation que celle de la naturopathe qui m’avait aidée. La meilleure, à Paris.”
Pour son anniversaire, Charlotte reçoit le plus beau cadeau qu’elle aurait pu souhaiter… Ses parents lui proposent de lui prêter de l’argent pour qu’elle commence la formation de naturopathie dont elle rêvait.
“Je commence ma formation en septembre 2014 et un mois après, mon copain me quitte. Donc ça a été assez dur parce que je venais juste de trouver ce que je voulais faire. Mais en fait c’est le burn out, c’est tout ce qui m’était arrivé qui nous a rongés. Donc là j’ai perdu mon copain, mon appartement. Ça a été vraiment la galère. Ma formation c’était 3 jours par semaine et je faisais des aller-retours à Montpellier chaque semaine, je sous-louais des appartements à Paris. Mais ça valait le coup. Ça a été une expérience incroyable. C’était plus qu’une formation, c’était une psychothérapie pour moi. Il n’y avait que des gens qui avaient fait des burn outs, on s’est tous retrouvés dans la même situation. Il n’y avait que des gens qui étaient tombés malades au boulot.”
Et durant cette formation où elle apprend à être thérapeute, Charlotte apprend aussi à se soigner et à prendre soin d’elle. Elle reprend du poids, elle se transforme, elle comprend qui elle est.
“Une fois ma formation en poche je suis rentrée chez mes parents à Montpellier. Je ne me voyais plus du tout vivre à Paris, surtout avec tout ce qui s’y était passé. J’avais envie de changer de décor. J’ai révisé mon diplôme pendant plusieurs mois et je l’ai eu haut la main. Et puis j’ai commencé à travailler à Montpellier, en tant que représentante pour un labo de naturopathie. J’allais dans les pharmacies de la région pour placer des produits. Bon ce n’était pas forcément ce que je voulais faire à terme mais j’étais très contente de faire ça pour le moment, d’être dans le sud, de travailler dans le milieu qui me plaisait.”
Mais c’est à Marseille que Charlotte souhaiterait s’installer pour de bon.
“Un jour j’y suis allée, pour un week-end, et je me disais que j’aimais bien le travail avec les pharmaciens, proposer des alternatives naturelles. Du coup, je suis rentrée dans une pharmacie et j’ai discuté avec la pharmacienne. Le lendemain elle m’a appelée pour me dire qu’elle allait racheter une pharmacie sur le Vieux Port et qu’elle souhaitait ouvrir un coin naturopathie. Elle m’a proposé de travailler avec elle sur le projet et j’ai évidemment accepté. C’était à l’été 2016. Tout s’est fait très facilement. Et je me suis finalement installée vraiment à Marseille en octobre 2016 et j’y suis toujours…”
Aujourd’hui Charlotte est plus heureuse que jamais. Elle travaille toujours dans cette pharmacie où elle organise des ateliers sur différentes thématiques liées à la naturopathie, elle est également la naturopathe référente du cabinet thérapeutique d’un centre de danse et conseillère en compléments alimentaires dans un magasin bio.